Interview avec Perrine Desproges : “Mon plus gros défi, c’est que les habitants de la région se sentent vraiment chez eux quand ils viennent à la Balise”

Nous sommes les élèves de la classe de CM1-CM2 de l’école Henry Simon. Nous travaillons cette année sur le journalisme et le domaine des arts. Nous avons choisi d’interviewer Perrine Desproges, la directrice de La Balise, la nouvelle salle de spectacle du pays de Saint Gilles. Perrine est venue dans notre classe le lundi 7 décembre et nous sommes allés visiter l’établissement le jeudi 17 décembre. 

 

Combien de personnes travaillent avec vous à la Balise ? Quel est le rôle de chacun ?

Nous sommes 5 permanents, ça veut dire 5 personnes en permanence, et on fait appel à une quinzaines de techniciens intermittents. 

Donc, il y a moi qui fais la programmation, il y a un administrateur qui s’occupe de tout ce qui est administratif, on a une personne seulement à la billetterie, elle est très occupée en ce moment avec le COVID (elle rechange toutes les dates, les places des gens), on a une personne à la communication et un directeur technique. 

Le directeur technique est responsable de tout ce qui est sécurité à la Balise et puis surtout il est responsable de tout l’aspect technique des spectacles parce que pour accueillir les spectacles, il faut monter les décors, il faut du son, de la lumière et tout ça demande du temps de préparation.

Les artistes qui font des spectacles s’entraînent-ils dans la salle ?

Pas chez nous, pour l’instant. C’est possible de faire des répétitions. Pour l’instant, ils arrivent le jour même, ils répètent un petit peu pour prendre connaissance de l’espace et le soir ils jouent.

En quoi consiste votre travail ? 

L’idée, c’est de chercher des spectacles qui puissent plaire à l’ensemble du public du pays de Saint Gilles, donc il faut trouver des spectacles jeune public, des concerts classiques, du rock, du théâtre, du cirque, etc. Il faut sélectionner, aller repérer, voir plein de spectacles et essayer d’attraper ce qui nous semble être le mieux à proposer au public du pays de Saint Gilles.

Comment s’organisent vos journées ? 

Ça dépend… (rires) C’est très variable, c’est beaucoup de téléphone, beaucoup de mails, beaucoup d’échanges avec mon équipe. Je ne peux pas programmer sans savoir si c’est possible techniquement. Il y a toute une organisation de l’équipe. Je supervise aussi tout ce qui est communication. Donc on s’adapte un peu à chaque spectacle. 

Quels sont vos horaires de travail ?

C’est variable, les jours ordinaires c’est du 9 heures jusqu’à 18 ou 19 heures et puis les soirs de spectacle effectivement on va être plutôt sur du midi minuit. L’idée quand on accueille les artistes, c’est qu’ils se sentent vraiment chez eux et j’ai très envie que la Balise soit reconnue par les artistes comme un lieu extrêmement chaleureux. 

Comment faites-vous pour trouver des artistes ? 

Déjà, je vais beaucoup aux spectacles. Je vais voir beaucoup de choses et puis de fil en aiguille, je rencontre de nouveaux artistes … J’ai beaucoup d’échanges  avec les boites de production et qui vont parfois nous conseiller des artistes qu’on ne connaît pas. Et puis, on lit les spectacles si on n’a pas le temps d’aller les voir.

Est-ce difficile de les convaincre de venir à Saint Hilaire de Riez ? 

Non, je n’ai pas eu de difficultés. D’abord la salle est très belle. Comme c’est un nouveau bâtiment, j’ai envoyé beaucoup de photos, j’ai envoyé tous les éléments techniques parce que si on n’a pas du bon matériel, c’est plus compliqué d’accueillir des spectacles. Donc pour l’instant, je n’ai pas eu de soucis.

Quels spectacles ou artistes rêveriez-vous d’avoir à la Balise ?

Oh là là, ça c’est dur ! (rires) Tellement plein. Déjà ceux qu’on accueille cette année. 

Je crois vraiment fortement en quelque chose, c’est que : ce ne sont pas forcément les artistes les plus connus qui sont les plus passionnants à voir et à découvrir. Ce n’est pas parce qu’un artiste est connu que c’est une garantie d’un très bon spectacle. 

Je suis un peu dure, mais on a beaucoup, beaucoup d’artistes en France qui valent vraiment le coup d’être découverts. 

Dans la programmation de la Balise, je souhaite à la fois avoir des gens connus parce que vous tous, vous avez des gens que vous auriez envie de voir sur scène et, en même temps, il y a des gens pas connus que j’ai envie de programmer. Je me battrais pour que le public vienne les découvrir.

Pourquoi pensez-vous avoir été choisi pour être directrice de la Balise ? 

C’est très difficile de répondre à cette question parce que je n’ai pas le recul, je ne sais pas vraiment pourquoi on m’a choisie, si ce n’est que quand j’avais 20 ans et que j’ai commencé, j’étais régisseur de spectacles. C’est un métier que personne ne connaît mais qui est assez important.

Pour la petite histoire, c’était en Angleterre. Un régisseur de spectacle c’est vraiment celui qui organise. On a le metteur en scène qui va apporter toute la création et puis derrière, il va y avoir des techniciens dont le régisseur qui vont organiser le spectacle. Moi j’étais sur tout ce qui était logistique, c’est à dire que je passais mon temps en répétitions ce qui était absolument passionnant. Donc j’apportais tous les besoins des artistes. Quand ils faisaient une création ils pouvaient avoir besoin d’accessoires, ça peut être une lampe, un masque, …

 

A quel moment du projet avez-vous été recrutée ? 

J’ai été recrutée pendant les travaux de la salle, au mois de mai 2019. Les murs étaient construits mais il n’y avait pas le toit. J’ai eu la chance de pouvoir suivre les travaux et puis de conseiller un petit peu pour dire : là ce serait bien de faire plutôt comme ça … Comme je viens vraiment de la scène, je sais un peu quels sont les besoins.

Le fait d’être du terrain explique peut être pourquoi j’ai été choisie.

Nous savons que le premier nom de la salle a été changé. Avez-vous participé au choix du nom de la Balise ? 

Effectivement quand je suis arrivée les élus hésitaient. Il y avait un nom qui avait été proposé qui était la Bocelle, c’est un nom patois qui représente un piège (c’est une nasse à anguille). On trouvait que la symbolique du piège n’était pas forcément ce qu’on attend d’une salle de spectacle.

C’est très difficile de choisir un nom d’une salle ou le nom d’une école. (au passage j’affectionne énormément Henry Simon) Le nom, c’est déjà un début d’histoire et c’est important que la salle créé son histoire.

Il y a eut un petit temps de réflexion, on a proposé trois noms dont la Balise et c’est celui qui a été retenu parce que une balise en mer c’est un point de repère. L’idée c’est que la salle de spectacle devienne un point de repère culturel pour les habitants. 

Une précision : dans les salles de spectacle, on a ce qu’on appelle la machinerie, c’est toute la partie technique qui permet d’accrocher les projecteurs, des éléments de décors. Cette machinerie est arrivée dans les salles de spectacle vers le XVIIème siècle et savez-vous qui a conçu toute cette machinerie ? C’était les concepteurs de la marine. Ils ont repris la même technique que celle utilisée pour les bateaux à voile : avec des poulies, des contrepoids, des guindes… Ils ont pris ce même système pour l’installer dans les salles de spectacle et les théâtres. Et après, c’était les marins qui manipulaient cette machinerie. Comme on est en bord de mer, on trouvait que c’était  important qu’il y ait un rappel de cette histoire commune. 

 

Est-ce que c’est difficile d’être directrice de la balise ? 

Ah, je ne souffre pas beaucoup non. (rires) Non je suis très heureuse. Ça demande beaucoup de travail, mais c’est un travail vraiment passionnant.

Quel est votre projet général pour la salle de la Balise ?

Mon plus gros défi, c’est que les habitants de la région se sentent vraiment chez eux quand ils viennent à la Balise. L’idée, que ce soit assez naturel de venir voir des spectacles. Ça me prendra un petit peu de temps, mais c’est mon plus grand défi. 

 

Est-ce que vous avez-eu du chômage partiel pendant le confinement ?

Non, parce que la difficulté d’une programmation qui s’arrête nette, fait qu’on est obligé de casser tout ce qu’on a fait, pour tout recommencer. Donc ça, ça donne du travail. Et puis, comme on est justement sur un début d’histoire, on a encore beaucoup de choses à mettre en place avant que la Balise ne soit vraiment en état de marche naturelle.

Faites-vous du télétravail ?

Oui, ça m’arrive. Et je trouve ça très agréable.(rires) Ça permet de bien se concentrer. Les jours où je me consacre à la programmation, je préfère les faire en télétravail. 

Est-ce que vous pensez que des artistes comme Soprano, BigFlo et Oli ou M Pokora pourraient un jour venir faire un spectacle à la Balise ?

Les artistes comme ça très connus, leur production demande très cher donc ils tournent plus dans des grosses salles de 3000 places que dans des salles de 630 places. C’est souvent un problème financier.

Est-ce qu’il pourrait y avoir des spectacles de magie ? D’hypnose ? D’improvisation ?

Il y a un courant dans le théâtre qui s’appelle la magie nouvelle, ça je ne sais pas si on arrivera techniquement à le recevoir. C’est du théâtre qui utilise les outils de la magie et ça fait des choses tout à fait merveilleuse, on ne sait pas comment ils y arrivent mais c’est très beau. 

 

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de spectacles pour enfants ? 

Il y a deux raisons : Je n’avais d’une part pas rencontré les écoles, et je vous informe que nous rencontrons tous les directeurs d’école primaire, le 7 janvier 2021 donc ça c’est une première chose. La deuxième chose, c’est que la Balise c’est déjà une très grande salle, on a 630 places et quand on accueille des spectacles jeune public, surtout pour les écoles, on accueille très rarement plus de 200 élèves en même temps parce que vous dégagez un peu plus d’enthousiasme que nous les anciens. (rires) Si on a 600 enfants, c’est plus difficile pour les artistes d’être vraiment concentrés. Donc j’avais besoin, moi, de voir le bâtiment, d’avoir vraiment l’outil en place pour savoir ce qu’il était possible de programmer pour du jeune public. 

Y aura-t-il des spectacles proposés pour les écoles ?

Et bien j’espère.(rires) J’y pense beaucoup. Je ne veux pas faire de promesse parce que je ne suis pas en mesure d’en faire mais je serai très surprise qu’on en fasse pas.

Dans la programmation qui va reprendre au mois de janvier, il y a quelques spectacles pour les jeunes, ils ne sont pas programmés pour vous accueillir en tant qu’école,  mais vous pouvez venir en famille. On a créé des tarifs de temps en temps pour les jeunes. Je suis assez convaincue : il y a des spectacles qui sont créés spécialement pour vous mais on a des spectacles qui sont tout public et qui sont tout aussi bien adressés aux adultes qu’aux enfants.

Article rédigé par Titouan, Lou, Anaïs, Ema, Bruce, Manon, Soraya, Jules, Valentin, Nathan, Sharley, Eliot, Thomas, Nedas, Lohan, Mattéo, Julie, Zéphyr, Samuel, Iness, Noah, Ylan, Maïssa, Lenny et Marjorie avec le soutien de leur enseignante Carole Taillé. 

Photos par les élèves de CM1-CM2.